Affichage des articles dont le libellé est Delon Anthony. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Delon Anthony. Afficher tous les articles

03 mai 2024

Saga Delon: Favoritisme et dernier domicile connu


Une nouvelle fois, la famille Delon s'est invitée dans les médias pour s'épancher, non plus sur la "dame de compagnie" de leur père (voir l'article Alain Delon: «Tu n'es pas mon fils et ne le seras jamais»), mais sur les dispositions pour cause de mort prises par le patriarche et où l'on apprend qu'Anouchka Delon, sa fille d'un second mariage, recevra le double de la part réservée à ses deux fils Anthony et Alain-Fabien. Et les trois enfants de se déchirer sur le lieu où doit résider leur père avant qu'il ne décède, Anouchka souhaitant ardemment le rapatrier à Genève pour soi-disant des raisons médicales et ses deux frères s'opposant à ce transfert en prétextant qu'ils ne font que respecter la volonté exprimée par leur père en lui permettant de continuer à vivre dans sa résidence française de Douchy, lieu déjà choisi pour son futur sépulcre. Mais, ce qui se murmure au-delà des postures et des bons sentiments exprimés par chacun est que le choix du dernier domicile connu de l'acteur n'est pas sans incidence financière pour une succession qui pourrait s'élever à trois cents millions d'euros. En effet, le for de la succession, soit le droit applicable au règlement de celle-ci est déterminé par le pays où le défunt était domicilié en dernier. Si le droit français s'applique, les héritiers devront s'acquitter d'un impôt d'environ quarante pour cent sur leur part. En revanche, si la succession s'ouvre à Genève, c'est macache walou, puisque les héritiers en ligne directe seront exemptés d'impôt. Dans pareille situation, on ne peut évidemment pas s'empêcher de penser que les attentions d'Anouchka Delon à l'égard de son père ne soient pas strictement médicales, la médecine française n'ayant rien à envier a priori à la médecine helvétique, et que ce petit transfert au pays des banques et du chocolat permettrait d'économiser au passage la bagatelle de cent vingt millions d'euros d'impôt. Pourtant, nul doute que si les enfants avaient reçu de leur père une éducation strictement respectueuse et égalitaire des uns envers les autres, ils n'auraient aujourd'hui aucune peine à s'entendre en catimini sur ce petit arrangement de domicile à caractère "médical". Mais voilà, quand l'éducation parentale érige en norme le favoritisme d'un enfant sur sa fratrie, il contient en lui le germe de l'injustice et fait naître tôt ou tard des ressentiments tenaces et des rancunes insupportables au point où toute entente entre héritiers, même sur des enjeux financiers aussi élevés, devient impossible. L'héritier favorisé commet fatalement le péché d'hubris. Quant à l'autre héritier, forcément dénigré, il se bat pour sa dignité, peu importe ce qui lui en coûtera. Et quand bien même il pourrait y avoir naturellement une préférence, tout l'art d'un parent exemplaire est précisément de ne point la montrer afin de ne pas en abuser au su et au vu de tous. À défaut et sans en avoir eu véritablement conscience, les choix éducatifs faits par Alain Delon pourraient bien aujourd'hui se retourner contre l'héritage familial qui risque de payer chèrement ce que l'acteur a su faire fructifier pendant toute une vie. Ironie pathétique d'un destin écrit par avance, mais qu'on se gardera bien de plaindre pour autant.