29 septembre 2023

Fascisme versus Démocratie: le sempiternel combat

Dans une interview de 2006, alors qu'il est amené à s'exprimer sur la sortie de l'un de ses livres (American Vertigo), le philosophe Bernard-Henri Lévy (BHL) se risque à pronostiquer quelle pourrait être la prochaine "guerre de civilisation": guerre contre le terrorisme, guerre de religions ? Que nenni! BHL n'y va pas par quatre chemins et affirme qu'il n'y aura pas de guerre de civilisation à proprement parler. En revanche, le seul combat qui lui paraît constant et omniprésent est celui que se livrent, sournoisement ou pas, deux systèmes politiques: D'un côté le fascisme sous toute ses formes (théocratie, oligarchie, kleptocratie et autres régimes de nature dictatoriale), de l'autre la démocratie. Près de vingt ans plus tard, comment ne pas lui donner raison ? Ce fut à juste titre l'enjeu de la Seconde guerre mondiale, celui de la guerre dans les Balkans, des guerres civiles en Libye et Syrie, des révoltes en Iran et enfin de cette guerre qui dure depuis plus dix-huit mois en Ukraine, tout ça à cause d'un régime totalitaire qui ne rêve que de puissance et d'expansion. Au fond, cette confrontation entre deux systèmes politiques dont l'un aspire à rendre les hommes libres et égaux en droit, tandis que l'autre à les placer sous le joug de l'oppression, de l'arbitraire et à institutionnaliser le crime d'État, n'est-ce pas l'histoire sans cesse répétée d'une humanité qui s'automutile ? Il y a trois mille ans déjà, l'Ecclésiaste ne faisait point mystère de cet irrépressible instinct de convoitise et de domination qui ne cesse de métastaser nos sociétés au moyen d'un agent propagateur aussi redoutable qu'implacable: la corruption. "Je vois toutes les oppressions qui se pratiquent sous le soleil. Regardez les pleurs des opprimés! Ils n'ont pas de consolateurs, car la force est toujours du côté des oppresseurs." (Qo 4.1) Dans Exode 23.8 et Le Deutéronome 16.19, la corruption y est décrite comme un péché portant atteinte à la justice et à l'impartialité. Les corrompus se moquent de la vérité et discréditent tous ceux qui aspirent à demeurer justes devant Dieu et les hommes. Judas Iscariote n'était-il pas le plus fameux des corrompus cités par la Bible lorsqu'il trahit Jésus de Nazareth pour trente pièces d'argent ? (Mt 27.1-5)


15 septembre 2023

Souvenons-nous d'Adeline !


Qui n'a pas en mémoire à Genève l'épouvantable drame de La Pâquerette, anciennement le centre de sociothérapie de la prison de Champ-Dollon, où un certain vendredi 13 septembre 2013, soit il y a exactement dix ans, on retrouva dans les bois de Bellevue le corps sans vie d'une sociothérapeute prénommée "Adeline" et qui fut assassinée la veille par un détenu en sortie accompagnée? L'événement avait plongé la cité de Calvin dans une sidération inouïe et sans précédent. Par la suite, l'enquête révéla de nombreuses lacunes dans le système sécuritaire pénitentiaire. La Pâquerette en fit en premier les frais puisque l'institution fut fermée définitivement quelques mois plus tard. Quant à votre serviteur, sur demande du Conseiller d'État en charge de la sécurité Pierre Maudet, je repris au pied levé la direction du Service d'application des peines et mesures (SAPEM) afin de le réorganiser et d'y introduire des réformes nécessaires dans les méthodes de travail. À cet effet, je pus compter sur une coopération pleine et entière de l'ensemble du personnel qui, à la suite de ce drame, n'avait pas d'autre choix que de se ressaisir et d'évoluer. Aujourd'hui, il semble bien que ces réformes ont porté leurs fruits si l'on en juge par toute absence de récidive, grâce à une évaluation régulière de la dangerosité des criminels concernés et un traitement administratif spécifique de ceux-ci. En cette triste date anniversaire, Adeline, mère de famille, aurait eu 44 ans. Quant à son assassin, qualifié de sadique par les experts, il purge une peine de réclusion à vie.


01 septembre 2023

Parentalité: Mais où sont les pères ?

Selon un reportage de l'émission "Mise au point" diffusé il y a quelques mois et repris récemment, la détresse psychologique est devenue la première cause d’hospitalisation des jeunes filles âgées entre 10 et 24 ans, pour qui la pandémie de COVID semble avoir été dévastatrice. Pour nous en convaincre, les journalistes retracent le parcours de trois jeunes filles qui ont accepté de témoigner de leurs souffrances: trouble obsessionnel pour l'une, trouble du spectre autistique pour l'autre et trouble alimentaire pour la troisième. Aujourd'hui et fort heureusement, elles semblent toutes aller mieux et on ne peut que leur souhaiter une guérison durable. Cependant, et au vu du nombre de jeunes filles touchées par ces troubles psychologiques, est-il permis de s'interroger sur les causes réelles et profondes de leur mal-être. Selon les journalistes, le fauteur de trouble en serait le COVID qui, faut-il le rappeler, pouvait certes terrasser les plus de cinquante ans, mais n'entraînait aucune mortalité chez les jeunes. Et puis, s'il faut parler d'une certaine pandémie qui terrorisait il y a à peine deux générations les adolescents et jeunes adultes spécifiquement à l'heure de leurs premiers émois sexuels, comment ne pas se souvenir du SIDA qui, lui, ne connaît toujours pas de vaccin et condamnait tout séropositif à une mort certaine (30 millions de décès à ce jour), précédée d'une mort sociale des plus mortifiantes (homosexualité, sang contaminé, etc.).

Il ne s'agit évidemment pas de se livrer à une mesure de la souffrance entre le SIDA et le COVID, chaque époque ayant ses fléaux. Mais, comment expliquer que dans ce reportage d'une vingtaine de minutes censé aborder les problèmes éducatifs et qui se veut représentatif des jeunes filles en souffrance psychologique, il n'y a pas un seul témoignage d'homme. Où est la parole des pères? De manière plus globale, hormis le témoignage d'une seule mère, où sont les parents de ces enfants qui souffrent. Si les thérapeutes, en l'espèce uniquement féminins, sont nombreux à donner leur avis, personne ne semble se soucier de l'opinion des parents qui pourtant seraient les mieux placés pour témoigner de leurs difficultés et des causes possibles du mal-être de leur enfant. Mais, voudrait-on nous cacher que ces parents sont absents, évincés ou démissionnaires, qu'on ne s'y prendrait pas autrement. Et si le COVID semble avoir bon dos, que faut-il penser de cette régression durable que certains sociologues définissent comme une destructuration du noyau familial caractérisée notamment par une incapacité du couple parental à s'entendre sur des valeurs communes, une dislocation de l'autorité parentale et une multiplication des familles monoparentales. Mais, de tous ces maux, il n'est nullement question. Tout autant que personne ne croit utile de s'interroger sur le reniement systématique et généralisé de nos valeurs judéo-chrétiennes qui fondent pourtant nos sociétés depuis des millénaires et forgeaient a minima un certain sens des responsabilités parentales chez celles et ceux qui cultivent encore la foi dans les Saintes Écritures. Faute de mieux et à moins de disposer un jour d'une formation laïque pour tout couple désirant fonder une famille, c'est désormais au deus ex machina de la médecine et de la technocratie que chacun s'en remet pour réparer tant bien que mal ce que la famille nucléaire ne sait plus faire.