28 octobre 2022

Brésil: Le fiasco de "Lava Jato" ou le procès d'une justice sous influence

Le site The Intercept a révélé en 2019 des messages montrant que le juge emblématique de "Lava Jato", Sergio Moro, avait conspiré avec les procureurs pour empêcher l'ex-président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva de se présenter à la présidentielle de 2018. Pour rappel, Lula, donné favori par les sondages, avait été condamné à la prison et exclu brutalement de la course électorale par les juges. Ainsi, Jaïr Bolsonaro put remporter la présidence et, en guise de renvoi d'ascenseur, désigna Moro comme ministre de son gouvernement. Mais, ce mélange des genres fit grincer des dents et, après avoir été mis en cause par les médias, l'ex-juge démissionna, reprochant à Bolsonaro son ingérence. N'oublions pas également le procès d'intention fait à l'ex-Présidente Dilma Rousseff, héritière politique de Lula, qui une fois destituée n'a jamais fait l'objet de poursuites judiciaires pour les prétendues graves accusations de mauvaise gestion qu'on lui portait ! Son successeur illégitime Michel Telmer reconnut plus tard qu'il s'agissait uniquement d'un putsch. "Ce vaste scandale a montré que tordre les règles sapait l'ensemble de la justice et la démocratie", explique le constitutionnaliste Daniel Vargas. Quant au professeur de droit Pedro Serrano, il met en garde: "Aujourd'hui, on assiste à une dégénérescence du droit. Cette expression vient de la façon dont les juristes allemands décrivaient le droit durant le nazisme. Il y a une grande similitude à cet égard. Vous conservez la Constitution de manière formelle et vous procédez à l'érosion de sa signification. C'est ce qu'a fait Hitler en continuant de gouverner de manière dictatoriale sous la Constitution démocratique de Weimar. On retrouve ça dans divers pays du monde: Hongrie, Venezuela et au Brésil. J'appelle ça: l'autoritarisme liquide (...)"
 


14 octobre 2022

Humour: La politesse du désespoir sous les censeurs

Sommes-nous en train de perdre le sens de l'humour ? Les nouvelles générations n'ont-elles plus de second degré, cette faculté si précieuse qui permet de comprendre qu'un sketch sur le racisme n'a jamais fait de son auteur un raciste, bien au contraire. Dans cet extrait de reportage de l'émission "Temps présent", ceux qui montent aux barricades contre les humoristes revendiquent leur propre liberté d’expression. Celle de dénoncer les boomers, comprenez les vieux cons ou bouffons (serait-ce déjà du racisme antivieux?) qui se permettraient de rire sur le dos de certaines minorités. La censure, autrefois étatique, s'est muée paradoxalement aujourd'hui en liberté d'expression des réseaux sociaux et dont l'exercice souvent anonyme ne fait qu'exacerber les tensions et produire des outrances. Drôle d'époque où nous n'aurions plus le sens de la dérision et l'hygiène mentale de nous moquer de nous-mêmes. À quand une relecture wokiste et décontextualisée des œuvres de Molière ou La Fontaine ?

Anthony Kavanagh fait son show

Tout l'art de tourner au ridicule les velléités de censure et d'auto-censure de ses propres gags

01 octobre 2022

Réchauffement climatique : 40 ans d'errance et de mensonges

40 ans en arrière, le vulcanologue Haroun Tazieff se heurtait déjà au scepticisme de ses contemporains concernant le réchauffement climatique et les conséquences catastrophiques qui pourraient résulter d'une hausse moyenne des températures de 2 à 3 degrés: L'océanographe Jacques-Yves Coustaud, rendu célèbre pour ses reportages sous-marins à bord de la Calypso, lui rétorquait purement et simplement que son discours était du baratin, alors que le glaciologue Claude Lorius réfutait toute conséquence catastrophique due aux émanations de gaz carbonique. Aux dernière nouvelles, les glaciers des Alpes auront disparu d'ici à la fin de ce siècle. Quant à la faune et à la flore marines si chères au Cdt Cousteau, elles ont régressé comme jamais.


À l'instar des cigarettiers qui ont nié les effets nocifs de la cigarette pendant des décennies et son puissant pouvoir d'addiction sur les fumeurs, le lobby pétrolier a recouru à la même stratégie du mensonge pour nier les effets délétères des gaz d'échappement sur l'atmosphère uniquement pour satisfaire son âpreté aux gains.


S'attaquer directement aux comportements jugés polluants est un activisme de plus en plus répandu. En France, un groupe s'est introduit par effraction sur un terrain de golf, pour étaler de la terre et des légumes sur la pelouse, afin de dénoncer la consommation d'eau des golfs en période de sécheresse. D'autres ont ciblé des SUV en dégonflant leurs pneus pour dissuader l'achat de ces modèles de voiture plus polluant. D'autres encore se chargent d'éteindre les enseignes lumineuses énergivores. C'est la réaction d'une génération anxieuse face au réchauffement climatique, selon Sylvie Ollitrault, chercheuse en sociologie du militantisme au CNRS. "L'action doit être immédiate, et ce n'est pas forcément plus violent, mais en tout cas, c'est beaucoup plus radical", commente-t-elle. Ces actes peuvent toutefois mener les militants devant la justice.