22 mars 2024

Anti-IVG et partisans de la peine de mort: Mêmes combats !


Voici les onze États (rouge pourpre) qui interdisent l'IVG et appliquent la peine de mort ou l'autorisent légalement: Alabama, Arkansas, Dakota du Sud, Idaho, Kentucky, Louisiane, Mississipi, Missouri, Oklahoma, Tennessee et Texas

Si le titre vous paraît incongru, voire paradoxal, il est pourtant l'exact reflet à 85% des États américains qui, se déclarant contre l'avortement et donc pour une protection absolue de l'embryon humain, n'hésitent pas à envoyer ad patres leurs pécheurs, comme si pour cette engeance-ci la vie humaine n'avait à cet instant plus aucune importance. Comment doit-on comprendre des positions politiques aussi irréconciliables au sein d'un même État ? D'un côté l'embryon humain doit être protégé alors qu'il ne peut être considéré comme une personne au sens juridique et social. De l'autre, le propre de l'institution judiciaire est précisément de juger des personnes vivantes, mais dans le cas des condamnés à mort, cette vie humaine n'a soudainement plus aucune valeur. On doit en conclure que le motif des anti-IVG de protéger la vie humaine sous toute ses formes est forcément fallacieux au moins au niveau d'un État politique qui se prétend démocratique, même s'il est possible individuellement que chaque partisan des deux camps ne soit pas identique. Pourtant, si le motif de protection de la vie humaine s'avère étrangement spécieux, comment sur un plan plus psychologique doit on comprendre cet acharnement de l'autre à vouloir décider à la place de son prochain de ce qui relève de ses droits personnels et inaliénables ? Autrement dit, comment une justice des hommes que l'on sait par nature corruptible et vulnérable s'arroge t-elle le droit de prononcer une sentence définitive et irrémédiable qui aboutit au meurtre d'État alors que, par ailleurs, ce même État décide que la vie humaine est sacrée ? À bien y réfléchir, il se confirme effectivement que les partisans de ces deux causes sont majoritairement les mêmes et que leurs réelles motivations ne soient pas aussi nobles qu'ils le prétendent: Plus que la vie humaine, ce qui les intéressent avant tout est de s'ingérer à tout prix dans la vie des autres afin de se valoriser et donc d'exister par une stigmatisation moralisatrice et des jugements de valeur qu'ils ne peuvent s'empêcher d'asséner de manière compulsive pour qu'enfin on les écoute, on les regarde et on les admire comme des démiurges pathologiques qu'ils sont en mal d'amour-propre et de reconnaissance. À coup sûr que ce sont les mêmes qui se rallient aux thèses complotistes et xénophobes d'un certain Donald Trump, également opposant à l'IVG, et qu'ils rêvent d'élire à nouveau à la présidence des États-Unis. «Vanité des vanités. Tout n'est que vanité.» (Qo 1:2)

08 mars 2024

La Boétie ou comment dézinguer un régime comme celui de Poutine en cent jours et sans violence (ou presque) ?

 

Aussi loin qu'on pût se souvenir, la désobéissance civile a toujours existé. Au cours de l'Antiquité, Aristophane, cinq siècles avant notre ère, l'avait évoquée lorsque les femmes de la cité décidèrent de refuser d'accomplir leur devoir conjugal tant que leur homme ne mettrait pas fin à la guerre. Mais, c'est surtout au seizième siècle qu'un philosophe théorise pour la première foi le refus d'obéir à un tyran. Dans son discours "De la servitude volontaire", Étienne de la Boétie (1530-1563) affirme que le pouvoir d'un État repose entièrement sur la coopération de sa population. Et que si cette population considère ce pouvoir comme abusif et tyrannique, il lui suffit de ne plus obéir pour que, immanquablement, cet État tyrannique devienne impuissant et n'ait pas d'autre solution que de renoncer à gouverner et céder le pouvoir politique à d'autres représentants. Encore faut-il cependant qu'il existe une certaine majorité pour contester le pouvoir en place, mais surtout des premiers militants courageux auxquels les contestataire puissent s'identifier. C'est l'écueil principal qui fait souvent échec à la réalisation de cette belle théorie. Il n'empêche que certains leaders l'ont déjà expérimentée avec un certain succès, tels Ghandi pour obtenir l'indépendance de l'Inde face aux Anglais, Martin Luther King pour la défense des droits civiques des Afro-américains et Nelson Mandela pour obtenir l'abolition de l'apartheid en Afrique du Sud. Même lors des procès de Nuremberg qui condamnèrent en 1946 les exactions commises contre les juifs durant la Seconde Guerre mondiale, les juges ont fait valoir qu'il existait non seulement un droit personnel de désobéir à un ordre inique, mais que ce droit était aussi un devoir en présence de crimes de guerre ou contre l'humanité qui, lorsqu'il n'est pas accompli, doit entraîner une sanction appropriée. Hélas pour le peuple russe et les démocraties, il semble que Poutine ait compris depuis fort longtemps l'importance d'éliminer systématiquement tout leader politique d'opposition à son régime (le dernier en date étant l'avocat Alexeï Navalny), d'où la très grande difficulté des Russes contestataires d'entrer dans une forme de désobéissance civile qui soit réellement efficace pour le menacer sérieusement. Pourtant, Evgueni Prigogine avec sa tentative avortée de marcher sur Moscou en juin 2023, avait révélé une faille béante dans la carapace du régime poutinien : La désobéissance, non pas civile, mais militaire. Car, une simple mutinerie suffisamment déterminée (ce qui fit défaut à Prigogine et lui coûta la vie) pousserait indéniablement le dictateur vers la sortie. Mais, y a t-il encore d'héroïques "Libérateurs" dans cette armée russe pour sauver leur nation d'un désastre annoncé et réussir ce que le mercenaire et défunt Prigogine a lamentablement raté ?