27 octobre 2023

La voix synodale de Patrice Gourrier

Dans une interview du 12 février 2005, alors que Jean-Paul II, diminué par la maladie, est en fin de règne, Patrice Gourrier, prêtre catholique et écrivain , s'exprime sur le plateau de l'émission "Tout le monde en parle". Selon lui, le monde a besoin d'espérance. Déjà, il y a seize siècle, un vieux moine dans le désert disait que le monde est devenu fou. Mais, que dirait-il aujourd'hui du monde dans lequel nous sommes ? Notre temps est confronté à trois barbaries: humaine, économique et écologique (ndr. Et encore, si le terrorisme lié au 11 septembre 2001 était déjà bien présent, la guerre en Ukraine n'en était qu' au stade de sa gestation). Alors que l'Église a besoin de renouveau, elle se replie sur elle-même dans ce que Patrice Gourrier appelle la tentation de l'escargot au risque de se faire écraser dans sa coquille. Puis, il évoque tour à tour l'épidémie de SIDA, l'usage du préservatif, l'IVG, la sexualité, les rapports délétères à l'argent, la doctrine sociale de l'Église. Pour Patrice Gourrier, si le message chrétien n'arrive plus à séduire, c'est parce que le Christianisme est malheureusement confondu avec une vision nihiliste de la morale que l'on voudrait réduire au dénigrement et à la stigmatisation alors que sa définition académique et philosophique est bien plus riche et complexe. Par contre, quand on va au devant du Christ et qu'on accepte son message, on ne peut plus vivre n'importe comment: "Quand je vais à la messe, je ne peux plus me comporter comme un salaud dans mon entreprise, avec ma voisine, avec mon épouse, etc..." À chacune et chacun de décliner en conscience cette citation selon son vécu, soit ses pensées, ses paroles, ses actes ou  omissions coupables.

13 octobre 2023

Le pogrom du Hamas était-il prévisible ?

Alors que la barbarie massive commise par le Hamas a atteint le comble de l'horreur durant le shabbat du 7 octobre 2023, l'engrenage de la riposte israélienne sur la bande de Gaza s'annonce des plus sanglantes au cours de ces prochains jours, notamment pour les gazaouis, victimes collatérales inévitables de ces affrontements meurtriers. Mais ce qui surprend le plus dans cette énième éruption de ce conflit auquel les belligérants se sont habitués depuis des lustres, c'est la nature exceptionnelle d'une attaque méthodique, coordonnée et donc minutieusement préparée depuis des mois et qu'aucune autorité israélienne du renseignement n'a su anticiper et déjouer. Que s'est-il passé à la tête du gouvernement israélien pour qu'une tuerie de cette gravité pût se produire ? Une semaine avant les faits, les israéliens étaient encore nombreux à manifester dans les rues de Tel-Aviv contre une réforme de la justice voulue prioritaire par leur premier ministre Benjamin Netanyahou qui, outre le fait d'affaiblir la démocratie israélienne et sa sécurité, servait avant tout ses alliés politiques issus des mouvements suprémacistes et ultra-orthodoxes qui n'ont en ligne de mire que l'implantation de nouvelles colonies au détriment de la paix avec leurs voisins palestiniens. Mais la régression démocratique et morale qui paraît la plus préoccupante pour Israël est d'avoir espéré qu'un politicien poursuivi pour plusieurs scandales de corruption fût encore capable de se soucier exclusivement des intérêts nationaux et sécuritaires de son pays alors que ce dernier s'est employé pour son propre compte à bidouiller les lois pour ne pas avoir à répondre de ses actes devant la justice comme tout citoyen ordinaire aurait eu à le faire.