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06 juin 2025

«Créer le paradis sur Terre passe nécessairement par l'extrême violence...»


Ce début de déclaration sous forme d'oxymore, on le doit à l'ex-Ambassadeur suisse en Russie et ancien haut-fonctionnaire fédéral, Yves Rossier, qui a fait son entrée dans l'émission radiophonique "Les beaux parleurs" du 2 mars 2025. Avec la volubilité qui sied à l'émission, il développe une chronique sur la nostalgie du paradis perdu qui, selon lui, est un moteur à toute sorte d'idéologie meurtrière, rappelant en cela toutes ces prétendues Révolutions qui n'ont débouché que sur des guerres, génocides, charniers et autres fosses communes: nazisme, maoïsme, Khmers rouges. Bref, tous les régimes politiques totalitaires qui sous couvert d'arguments utopistes n'aspiraient en réalité qu'à une seule chose: Priver l'Homme de son libre-arbitre pour l'asservir et l'exploiter, ou s'il résiste, l'emprisonner ou le tuer, comme au bon vieux temps du stalinisme (remplacé aujourd'hui par le poutinisme que le chroniqueur aurait également pu citer) et dont le credo est encore : "La mort résout tous les problèmes. Pas d'homme, pas de problème...", citation que l'antispéciste visé par la chronique aurait pu reprendre à son compte, mais certainement pas avec les mêmes motivations qui ont animé ou animent toujours les leader passés et actuels de ces régimes totalitaires. En somme, il y aurait tant de choses à dire sur ce sujet que l'on sait par où commencer. Ou plutôt si, par le commencement. Car, à part cet antispéciste que le chroniqueur nous dit avoir rencontré, il y a longtemps que, dans nos sociétés occidentales, le mythe du paradis perdu ne fait plus rêver, à commencer par la croyance judéo-chrétienne qui nous a bien fait comprendre que manger les fruits de l'arbre de la connaissance du bien et du mal nous avait chassé éternellement du Jardin d'Eden (Gn 2.17). Mais, ce qui menace le plus nos sociétés démocratiques actuelles n'a rien à voir avec les velléités simplistes d'un antispéciste à tendance écolo-radicale. Autant que je me souvienne, je n'ai pas connaissance que ce type de mouvance ait dépassé en terme de violence (ou devrais-je dire de non-violence en la circonstance) le stade des embouteillages avec ses activistes se collant les mains sur l'asphalte (Extinction-Rébellion) ou d'éventuels dommages à la propriété à bord du bateau "Sea Shepherd" dont le seul souci est de faire respecter les traités internationaux visant la protection des baleines. Même si le chroniqueur se défend de faire le procès de l'écologie radicale, force est de constater qu'on est aux antipodes du terrorisme meurtrier, de l'islamisme mortifère, des guerres d'agression, des velléités génocidaires (Ukraine, Gaza) et des assassinats politiques commandités par les kleptocrates de ce monde pour faire taire toute dissidence (empoisonnements, déportations, tortures ou sévices physiques et psychologiques). Et, si le danger n'est certainement pas le Grand Soir de l'antispécisme, il est incontestablement le primat de l'argent sur les valeurs démocratiques, la puissance des corporatismes et autres lobbies sur l'intérêt général, la force des armes et de la violence inouïe qu'elles recèlent pour tordre le droit international, mettre en péril la paix entre les peuples et détruire le Vivant. C'est la somme de nos vanités, lâchetés, tentations et faiblesses inavouables à nous laisser séduire par des dirigeants qui n'ont en ligne de mire que de vénérer et idolâtrer le veau d'or, l'argent pour seule finalité, et dont la puissance corruptive vient à bout des âmes les plus pures comme l'avaient évoquée les Hébreux (Ex 32.4). Et, c'est précisément ce à quoi nous assistons avec le retour triomphal du trumpisme. En décrétant ouvertement une politique expansionniste et agressive en matière de ressources naturelles et d'énergie fossile (pétrole, gaz, minerais, terres rares), il n'est plus question de se mettre à la recherche d'un paradis perdu, mais de transformer ou détruire ce qu'il en reste pour ne faire que du pognon rapidement et à bon compte.