05 janvier 2024

Coluche: l'histoire d'un (sacré) mec et d'un putain camion

Nul besoin de présenter Michel Colucci, alias Coluche, pour savoir que dans les années soixante-dix et quatre-vingts ce fut le trublion du PAF français et même au-delà, un bouffon de rois qui, lui, ne mettait pas sa langue dans sa poche. Cela lui a valu une immense popularité, mais aussi pas mal d'ennemis qui probablement à l'annonce de son décès le 19 juin 1986 furent tour à tour soulagés ou vengés. Soulagés, parce que Coluche préparait un nouveau spectacle dont le titre "Y en aura pour tout le monde" annonçait tout un programme de révélations bidonnantes dont lui seul avait le secret et le talent. Vengés parce qu'il n'avait épargné jusqu'à à lors aucun pouvoirs, ni politiques, ni économiques, pour peu qu'on le laissât s'exprimer librement, mais où certains sourires de façade dissimulaient de sérieux grincements de dents. En tant que fan de Coluche, je dois reconnaître qu'au jour de son décès "par accident", je ne voyais rien à redire sur la thèse officielle retenue par les autorités. À l'instar de ces millions d'américains qui furent convaincus vingt ans plus tôt par les conclusions du rapport Warren décrétant que Lee Harvey Oswald fut le seul assassin de JFK le 22 novembre 1963. On sait ce qu'il reste aujourd'hui de la crédibilité dudit rapport qui est régulièrement battu en brèche par la haute vraisemblance de l'existence d'un complot étayé notamment par des analyses balistiques impliquant la participation de plusieurs tireurs.


Il est assez flagrant de constater que "l'accident" tel qu'il est relaté de façon notoire par les différents protagonistes est tout, sauf évident. D'abord les témoins oculaires directs qui suivaient Coluche et sont unanimes pour admettre que le chauffeur a bien coupé la route de l'humoriste au dernier moment, ne lui laissant aucune chance de l'éviter. Cette déclaration est confirmée par toute absence de trace de freinage sur la chaussée, ce que le chauffeur incriminé reconnaît également publiquement. Ensuite, les déclarations mensongères dudit chauffeur au sujet de la vitesse à laquelle roulait Coluche et qui sont contredites par tous les autres membres de l'équipée. Enfin, la thèse selon laquelle le chauffeur ne pouvait préméditer son acte (puisque faisant face à une bande de motards il n'était pas en mesure d'identifier Coluche) ne tient pas. Car, les trois motards avaient décidé ce jour-là de ne pas porter de casque sur cette route départementale dont il respectait la limitation de vitesse et qui ne présentait aucun danger particulier. Même le virage, tant décrié par la presse de l'époque, n'était qu'un mirage puisque la route à l'endroit de l'accident est une ligne droite légèrement incurvée. Il n'y avait donc aucun problème de visibilité. Enfin, s'il faut s'en tenir aux allégations du chauffeur, comment peut-on expliquer la commission par un professionnel de la route de faute de conduite aussi gravissimes et donc criminelles ? Et, surtout, comment se résoudre au fait que ce soi-disant unique et pire chauffard à mille lieues à la ronde pût croiser dramatiquement et par hasard à 16h35 précises ce jeudi 19 juin 1986 la route du trublion médiatique le plus connu et dérangeant de France ? En criminologie, lorsque les faits relatifs à un homicide atteignent un tel niveau de congruence, on appelle ça une mort suspecte et donc possiblement un meurtre prémédité. Comme ultime pirouette, Coluche aimait aussi à rappeler que "c'est pas parce qu'ils sont nombreux à avoir tort qu'ils ont raison". Oyez, oyez braves gens, ne vous laissez pas tourmenter par ces questions chagrines et obsédantes qui ne font que troubler la paix des morts et rendormez-vous du sommeil de l'innocence !


L'origine des Restos du Cœur

Coluche l'initiateur et le fondateur à partir de 1985...


...et Jean-Jacques Goldmann, le chanteur-compositeur qui dès le début et pendant de nombreuses années après la mort de Coluche œuvra bénévolement à maintenir la troupe des Enfoirés, principale manne financière de l'association d'entraide. Ici, extrait de l'album "Rouge", trio formé avec Carole Fredericks et Michael Jones dès 1990.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

N'hésitez pas à laisser un commentaire, de préférence non anonyme ! Merci de votre compréhension !