27 décembre 2024

Journal télévisé : Des éditions "Prozac" à la mode helvétique


C'est un phénomène bien connu des journaux télévisés qui ont pour mission de rapporter quotidiennement le lot de malheurs de ce monde plus ou moins lointain dans lequel nous vivons. Si les guerres et les catastrophes sont généralement à la Une de l'édition, les rubriques culturelles, touristiques ou gastronomiques viennent habituellement clore le journal pour ne pas trop plomber l'ambiance et finir sur des sujets légers et bien de chez nous. Croyez-moi, j'en sais quelque chose avec mes rubriques "Côté Cour...et Jardin". Mais, s'il est une édition du "19h30" qui se sera faite particulièrement remarqué par le choix "thérapeutique" de ses sujets, c'est bien celle du 16 décembre dernier. Philippe Revaz a d'abord la pénible tâche de nous annoncer la catastrophe naturelle qui s'est abattue sur l'île de Mayotte, département français, à la suite du passage du cyclone "Chido" faisant état d'une dévastation complète des habitats précaires et d'un bilan provisoire de centaines de personnes disparues. Puis, on en vient à parler de l'Ukraine où la sale guerre de Poutine et ses bombes larguées sur les centrales électriques plongent toujours plus les civils ukrainiens dans l'obscurité et les mettent à la merci du froid hivernal. Enfin, on se rend en Syrie où des enfants âgés d'une dizaine d'années, creusant avec des pelles, découvrent dans un quartier de Damas un ancien charnier résultant des atrocités commises durant la guerre civile. Et un enfant de s'exclamer fièrement : "J'ai découvert une jambe, des phalanges, des côtes, des morceaux de crânes..." Mais, voilà qu'après les mets indigestes, vient le fromage ou le dessert. Et là, à peine a t-on eu le temps de déglutir les précédentes horreurs qu'on apprend de manière stupéfiante qu'à Berne on s'inquiète sérieusement de savoir par quel mystère l'adresse postale du Palais fédéral n'est-elle pas le numéro 1, mais le numéro 3 de la Place fédérale ? Diantre ! L'acheminement postal est-il à ce point perturbé ? Les services urbanistiques de la ville de Berne se seraient-ils trompés depuis un siècle sachant qu'au même moment à Mayotte plus aucune tôle ondulée ne tient à la verticale. Ou pire, puisque le numéro 1 est occupé par la Banque nationale suisse (BNS), faut-il y voir un symbole luciférien reléguant irrévocablement la démocratie suisse derrière le rang des puissances de l'argent ? Que nenni ! Fort heureusement, la géomètre de la ville vient nous rassurer en déclarant que l'attribution des numéros de rue s'est faite ainsi pour des raisons historiques. Car, la BNS fut construite, eh oui, avant le Palais fédéral. Forcément ! Qui aurait pu imaginer le contraire alors que la Place fédérale est truffée de banques ? Et, pour le courrier adressé au Parlement, nul besoin de s'arracher les cheveux. Il suffit de mentionner simplement "Palais fédéral" et on nous garantit que le facteur ne se trompe jamais. Ouf, on respire ! Merci à Albert Einstein et à sa théorie sur la relativité générale qui, contre toute attente, s'applique également en psychologie sociale ! Enfin, cerise sur le gâteau, Philippe Revaz termine son journal en nous annonçant un tantinet espiègle que la chanson "On va s'aimer" (1984) de Gilbert Montagné est un plagiat et que désormais elle ne lui rapportera plus aucun droits d'auteur lorsqu'il la chantera. Mince ! Si chanter l'amour ne rapporte plus un sou, gageons que l'interprète à la monture "solaire" saura faire, contre mauvaise fortune, bon cœur !

13 décembre 2024

Chute de Bachar al-Assad : Mauvaises nouvelles pour les dictateurs ! Vraiment ?


C'est une liesse générale qui s'est exprimée récemment dans les capitales européennes pour célébrer la fin d'une dictature la plus sanguinaire que notre monde contemporain a connu. Bachar al-Assad a finalement quitté son fief de tyran pour se réfugier, lui, sa famille et sa fortune évaluée à deux milliards de dollars, en Russie auprès de Vladimir Poutine qui en dépit de ses promesses réitérées s'était pourtant engagé militairement à ne jamais le laisser tomber. À ce titre, les syriens peuvent remercier l'Ukraine (et accessoirement l'Europe et les États-Unis) pour avoir affaibli la Russie à un point tel qu'elle n'était plus en mesure de protéger le régime syrien. Puis, de s'étonner de la rapidité avec laquelle les rebelles ont emprunté leur chemin de Damas pour faire abdiquer l'armée loyaliste en treize jours. Mais, c'est aussi vite oublier que la révolution syrienne a commencé il y a plus de treize ans avec une guerre civile savamment entretenue par le régime en place afin de rester coûte que coûte au pouvoir, sacrifiant près d'un demi-million de morts. Et, si le coup de grâce a pu être donné si facilement par les rebelles dans un pays exsangue, c'est enfin dû à l'affaiblissement du Hezbollah syrien par l'armée israélienne, notamment depuis l'attaque particulièrement rusée des beepers qui décima en moins de 24 heures le commandement de la faction terroriste soutenue par l'Iran. Les syriens d'aujourd'hui de toute confession et de de toute ethnie qui clament haut et fort leur joie d'être délivrés de leur oppresseur, sauront-ils demain se souvenir que c'est aussi grâce aux régimes démocratiques que le tyran Bachar al-Assad a fini par tomber ? La politique comme la nature ayant horreur du vide, il demeure à présent cette grande incertitude sur l'après Assad. Va t-on voir un nouvel État islamiste à la mode afghane ou iranienne émergé ? Ou les nouveaux dirigeants auront-ils la sagesse de rassembler l'ensemble des communautés ethniques et religieuses du pays afin de construire une société laïque et respectueuse des droits humains ? Et un des signes précurseurs qu'il faudra suivre attentivement ces prochaines semaines sera d'observer la réelle motivation des nouveaux dirigeants à faire en sorte que la justice nationale, voire internationale, puisse œuvrer rapidement et faire en sorte que les membres de l'ancien régime soient jugés publiquement et équitablement sur les crimes d'État et exactions commis. À défaut, si ces travaux d'enquête et de mémoire ne sont pas entrepris, on peut être à peu près sûr que les vieux démons réapparaîtront pour le plus grand malheur du peuple syrien. C'est toute l'urgence et l'immense défi qui s'imposent désormais à la société syrienne. Si l'année 2024 peut se conclure avec une pointe d'optimisme (ne boudons pas notre satisfaction !), elle ne doit  certainement pas nous faire oublier, comme le rappelle le Haut-commissaire des Nations Unies  aux droits de l'Homme, les très nombreuses victimes des crimes et atrocités perpétrés à travers le monde par des régimes autocratiques et leurs suppôts, corrompus et criminels, comme la guerre civile du Darfour au Soudan totalisant près de trois cents mille morts à ce jour ou ces massacres de milliers de personnes en Haïti par croyance en des rites vaudou, tels ces culs-de-basse-fosse  des Enfers de ce monde qui troublent notre conscience et rappellent toute cette sauvagerie humaine qu'on préfère oublier par pures commodités.