Affichage des articles triés par pertinence pour la requête sorcellerie. Trier par date Afficher tous les articles
Affichage des articles triés par pertinence pour la requête sorcellerie. Trier par date Afficher tous les articles

01 juillet 2022

Au terrible temps des sorcières

Depuis la fin du Moyen-Âge jusqu'au XVIIIème siècle, la chasse aux sorcières a fait cent mille morts en Europe. Et c’est étrangement la Suisse qui détient le record du nombre de victimes: des femmes surtout, des hommes et parfois même des enfants. Tous victimes innocentes d’une machine judiciaire qui par une procédure d'inquisition impitoyable, telle l'obtention d'aveu sous la torture, créa elle-même ses "coupables idéals". Dans le Pays de Vaud, la répression de la sorcellerie a été l'une des plus féroces. Pas moins de deux mille personnes sont mortes sur le bûcher. Pourtant, ces persécutions n'étaient pas l'œuvre de l'Église, mais bel et bien celle de tribunaux laïcs et séculiers dès l'arrivée de La Réforme.


Quant à Genève, son tribunal y rendit sa dernière sentence pour crime de sorcellerie en 1652 lorsqu'il pendit et brûla sur la Plaine de Plainpalais la servante Michée Chauderon et dont ses accusateurs n'étaient autres que des bourgeoises. Au XVIIIème siècle, Voltaire s'empara du procès de la malheureuse  pour en faire une martyre de l'intolérance religieuse. Ce n'est qu'en 1997 que les autorités du canton réhabilitèrent officieusement Michée Chauderon en baptisant de son nom un chemin sans issue, comme une ultime évocation symbolique de l'erreur judiciaire dont elle fut victime. En Suisse, le dernier procès pour sorcellerie se tint en 1782 à Glaris contre une servante nommée Anna Göldin qui fut exécutée par décapitation. Elle fut réhabilitée officiellement par le parlement glaronnais en 2007 qui qualifia sa condamnation de l'époque de "meurtre judiciaire".


Comment pareil phénomène, unique dans l’histoire du monde, a-t-il pu surgir et perdurer durant près de trois cent ans ? Comment expliquer ce surgissement de haine, dans toutes les couches sociales de l'Helvétie ? Dans le podcast qui suit, Cyril Dépraz, journaliste, interroge Jacob Rogozinski, philosophe, afin de tenter de comprendre et répondre à ces énigmes historiques.

Autres podcasts et documents disponibles de la RTS dans les séries radiophoniques «Au temps terrible des sorcières» et «Une histoire de la chasse aux sorcières».

16 février 2024

Peine capitale : L'apanage des dictatures


Le spectacle macabre et infamant de la peine de mort: Ici, une exécution publique à laquelle assistent cinq mille personnes à Saint-Julien (F) en 1851.

Bien que la peine de mort ait été abolie dans tous les pays européens, la Russie et la Biélorussie l'appliquent toujours d'un point de vue légal. En Amérique du Nord, seul les États-Unis l'appliquent encore dans la moitié de ses États. En Amérique du Sud et dans les Caraïbes, la peine de mort n'est plus appliquée, sauf dans des cas extrêmes. En Afrique, la situation demeure toujours plus contrastée : l'Égypte, les Comores, le Botswana, la Libye, l'Éthiopie, la Gambie, l'Ouganda, la RDC, le Zimbabwe, le Nigéria, la Somalie, Le Soudan prononcent toujours la peine capitale. En revanche, la Guinée équatoriale, la Zambie et la République centrafricaine font partie des derniers pays au monde à avoir aboli la peine de mort en 2022. Concernant le continent asiatique, le pays où la peine de mort est le plus appliqué reste la Chine où les exécutions massives sont fréquentes. Elle est également rendue en Afghanistan, au Bangladesh, en Birmanie, en Corée du Nord, en Inde, en Indonésie, au Bahreïn, aux Emirats arabes unis, en Jordanie, au Qatar, au Yémen, au Japon (en forte diminution), en Malaisie, à Oman, au Pakistan, à Singapour, au Taïwan, en Thaïlande, au Viêtnam, en Irak, en Arabie saoudite et en Iran. Pour l'Océanie, elle est abolie en Australie et dans la plus part des îles. Pour l’année 2022, Amnesty International a recensé 883 exécutions, un chiffre en hausse de plus de 50% par rapport à 2021. Quant aux personnes attendant leur exécution, ils sont 28'282 condamnés. Force est de constater que les pays opposés à l'abolition sont de plus en plus des dictatures et que son application demeure avant tout politique aux fins d'éliminer des opposants au régime que strictement punitive et dissuasive pour les crimes de droit commun.


Ci-dessous, le récit de l'affaire criminelle Buffet-Bontems qui, dès 1972 deviendra le procès de la peine de mort en France. En effet, d'après le dossier d'accusation, les jurés condamneront Bontems à la peine capitale alors que seul Buffet reconnaît avoir tué les deux otages, une infirmière et un gardien séquestrés, en vue de s'évader. La demande de grâce ayant été refusée par Georges Pompidou, Roger Bontems sera guillotiné à l'aube du 28 novembre 1972 dans l'enceinte de la prison de la Santé, car, comme le disait la loi: "Tout condamné à mort aura la tête tranchée". Quant à la Suisse, son dernier condamné à mort s'appelle Hans Vollenweider. Il est guillotiné par les autorités du canton d'Obwald le 18 octobre 1940, en dépit de l'imminence de l'abolition pour les civils qui se réalisera deux ans plus tard en 1942. On oublie aussi que la peine de mort fut abondamment pratiquée en Suisse jusqu'au dix-huitième siècle et pendant près de trois cents ans, notamment dans toute sorte de procès en sorcellerie aussi cruelle qu'arbitraire (voir l'article "Aux terribles temps des sorcières").