Entre le bellicisme de Poutine et le mercantilisme de Trump, l'Europe est désormais prise en étau par la pire politique douanière jamais connue depuis le Smoot-Hawley Tariff Act imposé par le Président Hoover en 1930 et qui à l'époque avait aggravé et prolongé la Grande Dépression de 1929, faisant chuter les exportations américaines de 65%. Et, ce n'est pas par hasard si son successeur, le Président Roosevelt, mit un terme à cette politique désastreuse pour la remplacer par son New Deal. Pour rappel, Donald Trump a menacé d'imposer sans discussion préalable et de manière unilatérale ses taxes douanières à une trentaine de pays faisant commerce avec les États-Unis. Le procédé à de quoi choquer dans la mesure où il correspond à une forme de chantage qui force chaque pays à faire des concessions dans un rapport strictement bilatéral où fatalement le plus faible finira par s'incliner devant le plus fort. De quelle nature et de quelle étendue seront ces concessions ? Chacun se taira de peur de s'attirer les foudres de l'Oncle Sam qui ne s'en cache pas en répétant à qui veut l'entendre que toute tentative de mesure de rétorsion s'ajoutera immédiatement aux menaces initiales applicables à brève échéance et sur un temps indéterminé. Bravo Donald ! En matière de rapport de force asymétrique, d'incertitude et d'imprévisibilité, on ne peut guère faire mieux ou pire (c'est selon). Et, la négociation ne se terminera que lorsque le Dieu Trump s'estimera honoré d'avoir obtenu satisfaction, ouvrant la porte à toute forme de marchandages et autres arrangements douteux que l'on peut craindre aussi inavouables qu'imaginables. Ledit procédé est d'autant plus retors qu'il se pratique en violation de tous les accords internationaux que la plupart des pays, y compris les États-Unis, ont conclu depuis de nombreuses années au sein de l'OMC (Organisation mondiale du commerce), ou son prédécesseur le GATT (Accords généraux sur les tarifs douaniers et le commerce) que ces mêmes États-Unis avaient pourtant grandement promu au sortir de la Seconde Guerre Mondiale. Et, si Trump a dénoncé les accords de Paris sur le climat pour permettre à son pays d'émettre autant de CO2 qu'il le souhaite, sa malice s'est bien gardée de dénoncer ceux de l'OMC. Sur ce point, il a préféré miner l'organisation de l'intérieur en poursuivant sa politique de blocage du renouvellement des juges de l'Organe d'appel qui règle les différends commerciaux entre États, privant de la sorte l'OMC de sa capacité à résoudre les conflits commerciaux surgissant entre ses membres, tout ça afin de mieux imposer son diktat douanier à l'ensemble de la planète. Ben ouais! Si jusqu'à présent vous n'aviez pas compris "America First", cette fois vous y êtes. Trump a enterré le multilatéralisme pour le remplacer aujourd'hui par un unilatéralisme cynique et brutal au profit de son pays et probablement du sien qu'il ne se privera certainement pas de faire fructifier. L'OMC dézinguée, Trump a annihilé la capacité des pays à recourir à un arbitre neutre en cas de différend commercial, imposant la supériorité économique et militaire des USA sur le commerce mondial et paralysant toute forme de contre-pouvoirs. Ce virulent retour du primat de l'argent et de la coercition sur le droit international est celui d'une ambiance et d'un environnement de tous les dangers : D'abord celui d'une guerre commerciale qui se superpose aux conflits militaires et hybrides menés par Poutine en Ukraine et dans l'UE, mais également le danger d'une recrudescence majeure et piteusement exemplaire du règne de la corruption et de l'arbitraire partout, en toute occasion, multipliant les larrons et générant de graves menaces de déliquescence des démocraties pour celles qui, tant bien que mal, tenteront de survivre.
« La plus belle des ruses du Diable est de vous persuader qu'il n'existe pas. » Charles Baudelaire
18 juillet 2025
Trump et l'OMC : Le libre-échange, c'est quand ça l'arrange.
Contributeur(s):
Guy Marchand,
Philippe Noiret
04 juillet 2025
Pétromonarchies: Valait-il mieux Qatar que jamais ?
Voici un joli coup de gueule poussé par la journaliste Ruth Elkrief au lendemain de la victoire du Paris Saint-Germain en Ligue européenne des Champions le 31 mai 2025. Victoire qui sur le plan footballistique fut indéniable avec un score de 5-0, presque humiliant pour l'Inter de Milan, mais qui surtout n'enlève en rien à la supériorité tant technique que collective des joueurs parisiens qui ont offert un véritable spectacle, ce qui est suffisamment rare pour être souligné. Mais, il est vrai qu'attribuer tous les mérites au Qatar, parce qu'il est le principal actionnaire du club, serait pour le moins court, maladroit et amer. Car, à ce sujet, l'on pourrait dire tant de choses en somme que cela aurait gâché la fête (lire l'article: La FIFA d'Infantino: Mégalo, parano, dodo ?). C'est qu'entre temps, nous avons oublié que l'argent n'a non seulement pas d'odeur, mais également pas de mémoire, et qu'il nous rend presque tous "amnosiques". Et l'origine constatée de cette anosmie psychologique vis-à-vis de l'argent est bien plus triviale que celle que nous connaissons aujourd'hui. Elle nous vient de l'Empereur romain Vespasien qui, en l'an 70, souhaitait absolument renflouer les caisses de Rome et décida d'introduire une taxe sur l'urine récupérée auprès des classes populaires et qui servait ensuite dans les métiers de la teinturerie et la tannerie, d'où l'expression "Pecunia non olet". Et ce n'est évidemment pas par hasard si les lieux d'aisance furent baptisés longtemps après "vespasiennes". Aujourd'hui, l'urine a été remplacée abondamment par le pétrole et continuera de l'être si l'on s'en tient au mantra délirant et irresponsable de Donald Trump «Drill, baby drill !» qui, en termes de conséquences climatiques, n'a aucune frontière (voir le record suisse récemment battu de l'isotherme du zéro degré au-dessus de cinq mille mètres d'altitude). À telle enseigne que dans une ou deux générations à peine, les parents devront expliquer à leurs enfants pour quelles raisons le plus haut sommet européen s'appellera t-il encore le Mont-Blanc. D'ici là, en désespoir de cause et pour seule consolation, on ne se lasse pas de revoir en cinq minutes chrono les cinq buts d'un match d'anthologie :
Contributeur(s):
Bouhlel Brahim,
Elkrief Ruth,
Jemili Hakim
Lieu :
Paris, France
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