Saison 20

Aventures en tout genre et pannes sèches

Il y a tout juste trente ans, Jean Becker réalisa le film "Élisa" qui, du point de vue de la bande son, fut un hommage posthume rendu à Serge Gainsbourg décédé quatre ans plus tôt. Le rôle principal en revint à Vanessa Paradis, âgée seulement de vingt-trois ans, entourée notamment de Clotilde Coureau (nominée deux fois au César) et Gérard Depardieu. Elle y interprète avec une justesse percutante le destin d'une orpheline, dont la fille-mère se prostituait par désespoir au point de se suicider, et un père disparu considéré comme proxénète et qu'elle n'a alors de cesse de rechercher pour venger la mort de sa mère sur ce qu'elle croit savoir de son histoire familiale.


C'est en 1970 que Jacques Dutronc sort son album "L'Aventurier" qui, comme à l'accoutumé de ses principaux succès, est devenu indémodable. Une vingtaine d'années auparavant, l'écrivain Jean Bruce créa pour la première fois une série d'espionnage qu'il intitula "OSS 117". C'est ce personnage de littérature qui inspira ensuite Ian Fleming en 1953 pour créer son clone britannique "James Bond". Les adaptations au cinéma de ces romans d'espionnage se sont succédés à intervalles réguliers avec d'abord "OSS 117 n'est pas mort" en 1957, puis "Docteur No" en 1962, les producteurs rivalisant dans une entente cordiale pour mettre en scène les exploits de leur héros, le tout invariablement mâtiné d'élégance, de séduction et d'action. Mais, avec la reprise d'OSS 117 dans les années deux mille et l'interprétation parodique de Jean Dujardin, c'est tous les stéréotypes du film d'espionnage qui sont détournés au second degré pour faire du héros principal un agent anachronique, machiste, sexiste, colonialiste, mais surtout d'un burlesque jouissif. Ci-dessous, extrait du troisième épisode des aventures d'Hubert Bonisseur de La Bath dans "Alerte rouge en Afrique noire" réalisé par Nicolas Bedos en 2021.

             

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La loi du plus fort, l'abus de pouvoir et le prix de l'impunité

Quel meilleur hommage peut-on rendre aux artistes du cinéma français si ce n'est en revoyant le chef-d'œuvre de Bertrand Tavernier "Coup de torchon" sorti en 1981 et inspiré du roman "1275 âmes" de l'écrivain américain Jim Thompson, avec une distribution exceptionnelle d'acteurs tel que Isabelle Huppert, Stéphane Audran, Jean-Pierre Marielle et Eddy Mitchell. Dans cet extrait, Lucien Cordier (Philippe Noiret) est le seul représentant d'une autorité malmenée par ses concitoyen dans un petit village du Sénégal au temps "béni" des colonies. N'osant pas recourir à la force et ne sachant que faire, il se rend auprès de ses supérieurs hiérarchiques pour prendre leur avis comme une leçon qu'on lui inflige et qu'il ne se privera pas d'appliquer avec zèle et efficacité, dès lors qu'il se sait désormais couvert par sa hiérarchie incarnée par le chef de la police Marcel Chavasson (Guy Marchand) qui, pris au piège de sa vantardise, ne peut empêcher son timoré subalterne de se métamorphoser en tueur en série ayant parfaitement conscience que le prix à payer pour garantir son impunité passe inéluctablement par la perpétration d'autres forfaitures. Le film reçoit plusieurs récompenses, dont dix nominations au César en 1982 et l'Oscar du meilleur film étranger en 1983.


Disparition de «l'homme en noir»

Thierry Ardisson (1949-2025), dans son émission "Tout le monde en parle" n'avait pas son pareil pour animer les talk show du samedi soir sur France télévision au début des années 2000. Une de ses devises: "Si les invités ne veulent pas dire la vérité, on les fera mentir". Dans cette interview intitulée "Toute première fois", l'actrice Emmanuelle Béart raconte son premier amour de jeunesse lorsqu'elle avait quatre ans, assise entre deux poids lourds du PAF que sont Édouard Balladur et Roger Hanin (1925-2015). Confidences sincères ou chausse-trappes subtiles comme l'animateur savait habilement les  orchestrer ?


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Coach Hakim

Si vous souhaitez connaître le coaching "super-pro" qui a permis au PSG de remporter la Ligue européenne des Champions, Hakim Jemili et Brahim Bouhlel vous dévoilent à leur façon leurs petits tuyaux qui  se sont avérés être la stratégie gagnante pour réaliser une série télévisée tendre et déjantée d'une quarantaine d'épisodes.

 

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USA : Cet éléphant qui Trump énormément

C'est l'histoire d'un Président qui voulait régler le conflit ukrainien en 24 heures, mais qui au bout de cinq mois jette l'éponge face à la résistance européenne et ukrainienne. Qui voulait rétablir la balance commerciale des États-Unis en imposant de lourdes taxes douanières à tous les pays importateurs, mais qui au final suspend tout parce que ses milieux économiques craignent autant l'inflation que la récession. Qui voulait chasser les Haïtiens qu'il accuse de manger des animaux domestiques, et les Mexicains qu'il qualifie d'animaux tout court. Mais, ses outrances finissent par réveiller le camp démocrate qui, trop c'est trop (et c'est pas trop tôt), descend dans la rue et proteste. Enfin, qui voulait conclure un traité avec l'Iran pour l'empêcher d'avoir la bombe atomique, mais au dernier moment se fait doubler par Benjamin Netanyahu qui, lui, décide de frapper militairement le régime des mollahs de Téhéran. Au fond, le locataire de la Maison Blanche, tel un histrion compulsif, ne fait rien de ce qu'il dit et ne dit rien de ce qu'il fait ou laisse faire. Dans ce chaos ambiant et généralisé dans lequel il se complaît, il choisit délibérément de demeurer imprévisible, sans qu'on ne sache exactement quels buts réels il poursuit: Peut-être et entre autres, celui de métamorphoser sa fonction présidentielle en un auguste Empereur comme le fit le Sénat romain en 27 avant notre ère ? Entendre chanter depuis 1962 "The answer is blowing in the wind" par Bob Dylan nous aidera t-il à mieux le comprendre ? J'en doute. De l'autre côté de l'Atlantique, un certain Adriano Celentano écrivit en 1972 une chanson qui, comme le Canada Dry, avait la couleur, l'odeur et le goût du rock and roll américain, mais n'en était pas et surtout ne voulait strictement rien dire. Beaucoup d'Italiens, peu anglophones à l'époque, se sont fait berner en étant persuadés que leur chanteur préféré s'était résolument lancé dans un répertoire anglo-saxon. Mais, ce n'était que du yaourt, du charabia, du baragouinage. Juste pour avoir l'air, faire semblant, plaire, séduire et bluffer son entourage. Tout comme Donald Trump cinquante ans plus tard, mais pour des motifs franchement moins artistiques. Le chanteur italien a, quant à lui, justifié sa farce en prétendant que sa chanson n'avait qu'une seule signification : "Amour Universel". Par sûr qu'aujourd'hui le Président Trump soit animé par d'aussi pures et nobles intentions.
 

Et pourtant, au même moment, Israël, avec l'appui tacite des États-Unis d'Amérique, a décidé d'attaquer à 1'500 km de distance cet ennemi juré qui n'a cessé de prôner son extermination totale, soit le régime des ayatollahs de la République islamique d'Iran, offrant, espérons-le, une nouvelle opportunité à la société civile persane et à son mouvement social "Femmes, vie, liberté" de se libérer de cette tyrannie brutale et sanguinaire qui sévit depuis plus de quarante-cinq ans, et quand bien même personne n'est dupe sur l'effet majeur de diversion que cela provoque en faveur de Netanyahu (ce qui en dit long sur son flair tactique et sa capacité de survie politique), mais dessert forcément et une fois de plus la cause palestinienne. En d'autres temps aussi troublés, Le Saint-Père de la religion catholique Jean-Paul II (1920-2005) proclamait à l'ensemble des chrétiens: «N'ayez pas peur !» Puisse ce message œcuménique et universel parvenir jusque dans le cœur et l'esprit des Iraniens qui souhaitent se débarrasser de leur régime politique ! À l'instar de l'hymne de Shervin Hajipour chantant "Baraye" et qu'on peut traduire par "Pour": «Pour vouloir danser dans les rues sans peur de s'embrasser, Pour ta sœur, ma sœur, nos sœurs, Pour changer ces esprits pourris...» [lire aussi l'article: Comment dézinguer un régime comme celui de Poutine en cent jours et sans violence (ou presque) ?]


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Nino Ferrer et ces artistes précurseurs du mouvement écologiste

De son vrai nom Agostino Ferrari, Nino Ferrer fut un artiste aux multiples facettes. D'origine italienne, il maîtrisait parfaitement sa langue maternelle au point d'être devenu, en plus de sa carrière de chanteur, un présentateur-vedette sur la chaîne de télévision RAI dès 1967. Le succès de ses premières chansons dites loufoques vient avec le fameux "Z'avez pas vu Mirza ?" qu'il lance un soir à la cantonade dans un bar-restaurant du sud de la France, alors que le patron ne retrouve plus son chien. Il s'ensuit l'album du "Téléfon" de Gaston. Puis, lassé par son étiquette de chanteur amusant, il écrit en 1971 l'album "Métronomie" qui critique la société de consommation et témoigne déjà d'une sensibilité écologique assurément trop en avance sur son temps, puisque le concept de l'album peine à trouver le succès commercial espéré, excepté le titre "La Maison près de la Fontaine" sorti en 45 tours et qui s'inscrit dans le sillon de ces chanteurs avant-gardistes, tels l'Italien Adriano Celentano avec sa chanson "Il Ragazzo della via Gluck", repris immédiatement en 1966 par Françoise Hardy sous le titre "La Maison où j'ai grandi" (réinterprétée brillamment en 2024 par la Canadienne Andreanne A. Malette), et qui tous expriment l'inquiétude liée à une urbanisation galopante et à la disparition drastique des milieux champêtres. La suite de la carrière de Nino Ferrer est une succession d'insatisfaction avec l'industrie musicale et d'incompréhension avec le public, à part l'énorme succès "Le Sud" sorti en 1974 et dont le clip est constitué d'archives familiales. "Désabusionné" par les affres de l'existence (mot-valise qu'il attribua à l'un de ses albums), l'artiste met tragiquement fin à ses jours à l'âge de 63 ans.


             

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