Pour approfondir et décortiquer sur un plan plus collectif et sociétal ce sujet précédemment abordé, rien de plus édifiant que de voir ou revoir le document de l'émission "DataGueule" datant de mai 2018. Pour ses auteurs, «La démocratie, c'est l'opposé du confort. C'est assumer l'incertitude, la confrontation. On a souvent cette fausse image en tête: quelque chose de simple, épargné par les conflits. Et, si c'était l'inverse. Un système complexe qui se nourrit de nos désaccords. Une foutue somme d'efforts. Et, parfois, c'est l'usure qui l'emporte (et donc la loi du plus fort). Mais, si l'on était habitué à ces efforts dès le plus jeune âge, comme une gymnastique sociale ? Après tout, pourquoi ne pourrait-on pas apprendre la démocratie comme on apprend à lire ou à compter ?» C'est tout le pari risqué de la démocratie. Et si le peuple ne le prend pas, il laisse fatalement à d'autres s'en occuper forcément à ses dépens (voir un précédent article intitulé "Démocratie versus Fascisme: le sempiternel combat"). Et, c'est assurément parce que la démocratie n'est pas une sinécure qu'il existe autant de régimes autocratiques qui sévissent et perdurent dans le monde: soit que les Occidentaux ont échoué par l'ingérence militaire à imposer leur modèle politique contre la volonté des pays et peuples concernés tels l'Afghanistan, l'Irak, la Libye ou encore la Syrie durant ces vingt dernières années; soit qu'il s'agit d'un choix implicite ou par défaut comme la Chine de Xi Jinping ou la Russie de Poutine qui, expériences faites pour cette dernière, a peu apprécié la parenthèse "démocratique" sous l'ère Boris Eltsine qui ne fut qu'une période de libéralisme sauvage pour permettre à une minorité d'oligarques de s'accaparer les richesses du pays. On y dit depuis que ces peuples auraient conclu un pacte tacite avec leur dirigeants: Ne pas s'occuper de politique en échange de quoi leur régime leur apporte sécurité et croissance économique. Sauf que ce pacte faustien n'est pas nouveau et ne prémunit pas lesdits peuples de l'asservissement, des pulsions bellicistes et désirs d'expansion de leurs élites avec pour seule finalité de satisfaire une avidité insatiable pour le pouvoir et les richesses. Et c'est fatalement la guerre entre les nations qui ressurgit avec son cortège de malheurs et de régression des valeurs humanistes. L'histoire allemande du IIIème Reich nous prouve que tout n'est que répétition et que la paresse démocratique des peuples s'avère toujours et à plus ou moins long terme un choix des plus funestes. Car, comme semblent l'ignorer la masse molle, informe et nombreuse des abstentionnistes, la démocratie ne s'use irrémédiablement que lorsqu'on ne s'en sert pas.
Il faut néanmoins exprimer un bémol concernant ce reportage qui pourtant balise plusieurs pays européens de l'Espagne à l'Islande: Il n'y a pas un mot sur la démocratie helvétique qui pourtant est le seul pays à utiliser régulièrement des instruments politiques tels que l'initiative et le référendum populaires. Est-ce un oubli involontaire ou une forme de condescendance réciproque pour un pays qui a toujours eu des relations compliquées avec l'Union européenne et ne souhaite pas en faire partie ?
«The Great Dictator» and «To be or not to be»
Sortis dans un intervalle de deux ans d'écart, soit 1940 pour «Le Dictateur» de Charlie Chaplin, et 1942 pour «To be or not to be (Jeux dangereux)» d'Ernst Lubitsch, ces deux films se répondent mutuellement en employant le style de la parodie pour décrire le nazisme au moment où éclate la Seconde Guerre mondiale. Tous deux se font forts de pasticher Adolf Hitler, le premier en faisant rebondir le globe terrestre sur le postérieur du Führer, le second en se moquant du salut nazi à tout va, alors qu'à cette époque l'issue de la guerre était encore des plus incertaines. Lubitsch qui privilégiait avant tout le romantisme burlesque en mettant en scène les quiproquos amoureux disait au sujet des nazis: «Pour eux, les coups et la torture relèvent depuis longtemps de la routine. Ils en parlent comme des commerçants parlent de la vente d’un sac à main. Leur seul humour porte sur les camps de concentration et les souffrances infligées à leurs victimes...»
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