22 août 2025

Infrarouge (RTS) : Bienvenue dans "l'air" des lèche-culs !


À revoir cet extrait de notre seule et unique émission de débat télévisé sur la RTS, il apparaît clairement que le temps des lèche-bottes qui, selon la définition du Robert, flattent servilement, ou celui des lèche-culs qui, en plus, flagornent, est bel et bien revenu en toute franchise et de façon totalement décomplexée et malodorante. C'est surtout la conclusion à laquelle le téléspectateur parvient après avoir écouté l'extrait ci-dessus qui sur le plateau de l'émission semble avoir fait consensus même auprès du journaliste Alexis Favre qui n'a pas exprimé la moindre indignation. Il faut dire qu'à sa décharge, il n'avait invité que des représentants du monde économique qui, par définition, ne s'embarrasse pas de règles morales. Au vu du thème abordé, à savoir comment la Suisse doit réagir face à Donald Trump et ses taxes douanières de 39 %, le monde politique ne s'est visiblement pas pressé au portillon pour y répondre, craignant probablement de commettre des impairs sur la bonne attitude à avoir et les réponses qui doivent suivre, l'échelle des valeurs entre le monde politique et celle de l'économie n'étant pas tout à fait superposable, du moins on l'espère. Mais, tout de même, cela en dit long sur le climat général ambiant qui peut rappeler historiquement le dilemme auquel les Français ont été confrontés sous le régime de Pétain en 1940 entre la collaboration et la résistance alors  que les atrocités des crimes nazis n'étaient même pas encore connus. Face à un Donald Trump vulgaire, imprévisible et arbitraire, ceux qui choisissent la flatterie et la flagornerie sont résolument les "nouveaux collabos" de ce siècle. Ils acceptent de s'avilir au seul motif de l'appât du gain à court terme, peu importe au fond le mauvais exemple qui laisseront derrière eux. Les résistants, eux, gardent leur sang-froid et sont prêts à perdre à court terme tout en cherchant à s'adapter à cette nouvelle situation et à continuer de croire en l'avenir plutôt que de vendre leur âme au Diable. Ce sont ces derniers dont l'histoire se souvient le plus souvent et certainement pas des premiers qui retournent leur veste à la première occasion. Quant à Monsieur Pascal Saint-Amans dont le métier affiché est de conseiller des gouvernements sans préciser lesquels (les conseillers sont certes des commissionnaires avisés, mais certainement pas les payeurs) et qui déclare que la Suisse doit respecter ses engagements envers les USA pour l'achat des avions de combat. Mais, pour qui se prend-t-il et de qui se moque-t-on ? C'est pas comme si on était dans un pays souverain en paix et qu'il n'y avait aucune urgence à se décider ? Non, cet avilissement ne serait qu'un début. Car, pourquoi s'arrêter quand on accepte de jouer le jeu de Trump pour obtenir à tout prix ses faveurs ? Et Pascal Saint-Amans de renchérir en déclarant que notre gouvernement devrait se contraindre à proposer "vraiment" et "absolument" au comité Nobel, comme l'a fait le Pakistan (merci pour la comparaison en matière de respect des droits humains!), d'accorder à Donald Trump la fameuse distinction de pacificateur à laquelle il prétend, mais dont le réel mérite fait toujours défaut en dépit de ses déclarations à l'emporte-pièce et sans lendemain aussi vites oubliées (par lui-même) qu'il les a prononcées. Et, Alexis Favre de surenchérir immédiatement en proposant d'offrir à ce cher Donald un caquelon en or, une Rolex en diamants, des skis en marbre (?) et un avion, certes pas aussi grand que celui du Qatar, mais certainement plaisant pour se déplacer de green en green et jouer ses parties de golf. Mais, soyons plus scandaleux encore ! Pourquoi ne pas faire voter par le Parlement une loi anti-anticorruption qui permettrait à la dynastie Trump de recevoir sur un compte numéroté aux Îles Vierges américaines quelques dizaines de millions de francs suisses, bien plus sûrs que les cryptomonnaies ? En tant que pays exemplaire en démocratie (il n'en reste plus beaucoup), nous pourrions même organiser un référendum pour mesurer le degré de moralité, respectivement d'immoralité, du peuple suisse à vouloir corrompre activement un Chef d'État en exercice aux seules fins d'obtenir un rabaissement des taxes douanières américaines. Alors, la Suisse retrouverait l'époque moyenâgeuse des Habsbourg et la tyrannie, non pas celle du bailli impérial Gessler, mais du Président "Kiss my ass !" (KMA pour les intimes). Reste à savoir si le mythe fragile de Guillaume Tell y survivra.


Ambiance lèche-bottes blues

Après six mois d'exercice du pouvoir et ses taxes douanières, Donald Trump a imposé son échelle de valeurs immorales et a mondialisé pour son plus grand bonheur et celui de son porte-monnaie l'ambiance "lèche-culs" dont la paternité de l'expression lui revient personnellement. Tant et si bien que dans son rock incantatoire sorti en 1989, Eddy Mitchell aura dès à présent à remettre au goût du jour ses paroles, lui qui pensait à tort que la Suisse était une exception.


Danger sur la séparation des pouvoirs ?

«Le Jeu du pouvoir» (True Colors) est un film américain réalisé par Herbert Ross en 1991. Il narre l'histoire d'un jeune étudiant brillant venant d'une famille bourgeoise. Face à lui, Peter (John Cusack), est aussi un jeune étudiant ambitieux mais au passé un peu trouble et venant d'une autre classe sociale. Les deux étudiants deviennent amis sur le campus. Une fois entrés dans la vie active, ils se livrent à une course au pouvoir à Washington DC, l'un souhaitant se battre pour la justice en tant que procureur, l'autre préférant les sirènes de l'argent, la corruption et la manipulation pour décrocher des mandats politiques. D'amis qu'ils étaient, ils deviennent fatalement rivaux. Parce qu'à l'époque, il y a trente-cinq ans, le principe de la séparation des pouvoirs était encore sacré. Qu'en reste-t-il aujourd'hui ? C'est tout le danger d'une régression des valeurs morales qui menace directement nos démocraties de l'intérieur en méprisant l'intégrité des institutions et de ceux qui la composent et en galvaudant l'indépendance si précieuse que doit conserver chaque pouvoir (législatif, exécutif et judiciaire) pour empêcher abus et copinages de ceux qui détiennent la puissance publique.


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