20 juin 2025

CPI : Comment capturer les criminels de guerre ?


On sait que Vladimir Poutine fait l'objet depuis le 17 mars 2023 d'un mandat d'arrêt international émis par la Cour pénale internationale (CPI) pour  déportation illégale d'enfants des zones occupées en Ukraine vers la Fédération de Russie. Bien que d'autres crimes de guerre puissent être imputables au dirigeant russe, la déportation forcée d'enfants est universellement reconnue comme un crime de guerre particulièrement odieux et une violation grave du droit international humanitaire, notamment de la Quatrième Convention de Genève. En outre, l'intention déclarée de Vladimir Poutine de russifier des enfants ukrainiens pourrait mener à terme et selon certains experts à une  requalification en crime de génocide. Mais, ce ne sont pas les seuls mandats d'arrêt émis par la CPI concernant l'agression russe en Ukraine. En 2024, des mandat d'arrêts ont également été émis pour destructions délibérées de cibles civiles comme des bâtiments d'habitation ou des infrastructures énergétiques en Ukraine, notamment à l'encontre de Sergueï Choïgou, Ministre de la Défense, et Valeri Guerassimov, Chef d'État-Major. Bien que la délivrance de ces mandats d'arrêt n'a pas eu d'effet sur la poursuite de l'agression russe en Ukraine, ses effets politiques et diplomatiques ne doivent pas être négligés pour autant puisque tous ces dirigeants recherchés ne peuvent sortir de Russie et cela contribue généralement à isoler le pays de la communauté internationale. Mais, faute d'exercer elle-même la force publique, la CPI ne peut compter que sur la coopération policière de ses cent vingt-quatre pays membres pour rendre effectif ses décisions. Au temps du Far West et de la conquête de l'Ouest américain, les shérifs, seuls représentants  de l'ordre et la justice, recourraient à un moyen très efficace pour neutraliser les hordes de brigands qui sévissaient dans des vastes contrées sauvages et éloignées. Ils recrutaient des chasseurs de prime qui en échange de la capture du criminel recherché (mort ou vif selon sa dangerosité)  recevaient une récompense appréciable pour service rendu à la patrie. En mars 2022, Alex Konanykhin, homme d'affaires russe basé aux États-Unis, avait anticipé le mandat d'arrêt de la CPI en offrant une prime d'un million de dollars à qui aurait permis de stopper Vladimir Poutine, déclarant que cette proposition  était un devoir moral pour empêcher que se poursuive l'agression russe de l'Ukraine. Hélas, il ne fut pas entendu et depuis de nombreux crimes de guerre ont été perpétrés. Assurément que le million de dollars offert généreusement à l'époque pour éviter toute guerre ne pût suffire comparé aux moyens mis en œuvre par Poutine pour assurer sa propre impunité face aux lois pénales internationales. Pourtant, maintenant que l'UE s'est décidée à passer aux actes en construisant une défense commune et en y consacrant une enveloppe de huit cents milliards d'euros à long terme, ne pourrait-elle pas apporter son obole à la proposition de Konanykhin en y rajoutant trois zéros, soit à peine 0,13 % du budget qu'elle s'apprête à investir dans l'industrie de l'armement ? À tout le moins, le Parlement européen pourrait avoir cette audace de nécessité d'initier un processus politique vertueux en ce sens. Pour sûr que ce petit milliard de dollars en ferait réfléchir plus d'un en Russie. Car, il désormais notoire que tous ces soldats russes transformés en chair à canon et que Poutine envoie sans état d'âme sur le front ukrainien ne sont motivés que par une seule chose: l'argent et rien d'autre. À l'instar de tous ces électeurs géorgiens, moldaves et roumains qui ont accepté d'être soudoyés par le kleptocrate du Kremlin pour tenter de faire élire des politiciens populistes anti-européens. Même le sénateur américains Lindsey Graham en est convaincu lorsqu'il déclare le 2 juin dernier que si Poutine était démis de son pouvoir (quelles qu'en soient les causes), l'hostilité et la haine contre le peuple ukrainien disparaîtrait d'elle-même et cette guerre fratricide au sein du peuple slave cesserait immédiatement.


Si l'on souhaite un tant soit peu donner du poids aux décisions de la CPI qui ne dispose d'aucune force de police directe et suffisante, une mise à prix de la tête des criminels de guerre recherchés, proportionnée à la gravité des exactions commises, devrait être a minima systématique et globale pour défendre au mieux et faire exécuter diligemment toutes les normes pénales internationales dont cette Cour a l'immense charge de faire respecter. L'Humanité ne s'en porterait que mieux et les apprentis-tyrans y réfléchiraient à deux fois avant de massacrer leurs semblables.

06 juin 2025

«Créer le paradis sur Terre passe nécessairement par l'extrême violence...»


Ce début de déclaration sous forme d'oxymore, on le doit à l'ex-Ambassadeur suisse en Russie et ancien haut-fonctionnaire fédéral, Yves Rossier, qui a fait son entrée dans l'émission radiophonique "Les beaux parleurs" du 2 mars 2025. Avec la volubilité qui sied à l'émission, il développe une chronique sur la nostalgie du paradis perdu qui, selon lui, est un moteur à toute sorte d'idéologie meurtrière, rappelant en cela toutes ces prétendues Révolutions qui n'ont débouché que sur des guerres, génocides, charniers et autres fosses communes: nazisme, maoïsme, Khmers rouges. Bref, tous les régimes politiques totalitaires qui sous couvert d'arguments utopistes n'aspiraient en réalité qu'à une seule chose: Priver l'Homme de son libre-arbitre pour l'asservir et l'exploiter, ou s'il résiste, l'emprisonner ou le tuer, comme au bon vieux temps du stalinisme (remplacé aujourd'hui par le poutinisme que le chroniqueur aurait également pu citer) et dont le credo est encore : "La mort résout tous les problèmes. Pas d'homme, pas de problème...", citation que l'antispéciste visé par la chronique aurait pu reprendre à son compte, mais certainement pas avec les mêmes motivations qui ont animé ou animent toujours les leader passés et actuels de ces régimes totalitaires. En somme, il y aurait tant de choses à dire sur ce sujet que l'on sait par où commencer. Ou plutôt si, par le commencement. Car, à part cet antispéciste que le chroniqueur nous dit avoir rencontré, il y a longtemps que, dans nos sociétés occidentales, le mythe du paradis perdu ne fait plus rêver, à commencer par la croyance judéo-chrétienne qui nous a bien fait comprendre que manger les fruits de l'arbre de la connaissance du bien et du mal nous avait chassé éternellement du Jardin d'Eden (Gn 2.17). Mais, ce qui menace le plus nos sociétés démocratiques actuelles n'a rien à voir avec les velléités simplistes d'un antispéciste à tendance écolo-radicale. Autant que je me souvienne, je n'ai pas connaissance que ce type de mouvance ait dépassé en terme de violence (ou devrais-je dire de non-violence en la circonstance) le stade des embouteillages avec ses activistes se collant les mains sur l'asphalte (Extinction-Rébellion) ou d'éventuels dommages à la propriété à bord du bateau "Sea Shepherd" dont le seul souci est de faire respecter les traités internationaux visant la protection des baleines. Même si le chroniqueur se défend de faire le procès de l'écologie radicale, force est de constater qu'on est aux antipodes du terrorisme meurtrier, de l'islamisme mortifère, des guerres d'agression, des velléités génocidaires (Ukraine, Gaza) et des assassinats politiques commandités par les kleptocrates de ce monde pour faire taire toute dissidence (empoisonnements, déportations, tortures ou sévices physiques et psychologiques). Et, si le danger n'est certainement pas le Grand Soir de l'antispécisme, il est incontestablement le primat de l'argent sur les valeurs démocratiques, la puissance des corporatismes et autres lobbies sur l'intérêt général, la force des armes et de la violence inouïe qu'elles recèlent pour tordre le droit international, mettre en péril la paix entre les peuples et détruire le Vivant. C'est la somme de nos vanités, lâchetés, tentations et faiblesses inavouables à nous laisser séduire par des dirigeants qui n'ont en ligne de mire que de vénérer et idolâtrer le veau d'or, l'argent pour seule finalité, et dont la puissance corruptive vient à bout des âmes les plus pures comme l'avaient évoquée les Hébreux (Ex 32.4). Et, c'est précisément ce à quoi nous assistons avec le retour triomphal du trumpisme. En décrétant ouvertement une politique expansionniste et agressive en matière de ressources naturelles et d'énergie fossile (pétrole, gaz, minerais, terres rares), il n'est plus question de se mettre à la recherche d'un paradis perdu, mais de transformer ou détruire ce qu'il en reste pour ne faire que du pognon rapidement et à bon compte.